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Si c'était à refaire, je le danserais.

Samedi 22 mai 2010 à 22:23

Elle
   Lorsque je suis sortie de la cabine, les cheveux devant les yeux et la robe qu'il m'avait demandé d'essayer mal ajustée, il a d'abord eu un mouvement de recul. Un besoin d'aller plus loin pour vérifier ce qu'il voyait, je pense. Puis, j'ai remis mes cheveux derrière les oreilles et je les ai déposés sur mon épaule. J'aime lorsqu'ils sont ainsi. J'ai la sensation qu'ils éclairent légèrement ma couleur de peau fade et sans reflet. Ils me font alors penser à des rayons de soleil qui viennent éclairer une pièce sans lumière et terne. Je me suis baissée pour ajuster l'habit afin que les bonnes parties de la robe épousent les bonnes parties de mon corps. Je me suis relevée et lui ai souri tendrement, sans rien dire. Je ne voulais pas poser la question banale : "Alors, ça me va ? Trouves-tu la robe aussi jolie sur moi que sur le cintre?". Il ne m'a d'abord pas répondu. Il m'a simplement souri. J'ai alors fixé son regard sans le vouloir vraiment. J'ai fixé ses yeux brillants, ses yeux marron. Je ne résiste pas à l'éclat de son regard empli d'expressions. Ses yeux parlent souvent plus que ses mots. Ils sont si intenses, si forts que lorsqu'ils me fixent, comme à cet instant, mon corps tremblent à l'intérieur. Son regard fait vibrer chacune de mes veines. Il réveille en moi des sensations jusqu'alors inconnues. Lorsqu'il me fixe ainsi de son regard d'homme fort et invincible, alors il n'existe pas d'autres moments où je me sens plus femme. Cependant ma question restait sans réponse et ne cessait ne rebondir contre les parois de mon cerveau : "Est-ce que je te plais avec cette robe ?". Il s'est alors levé, s'est rapproché doucement de moi. Puis de très prés. Je n'ai pas compris tout de suite. J'ai cru qu'il allait dans la cabine ramasser mes affaires et me demander de me rhabiller correctement. Mais non. Il a posé ses mains sur mes hanches. Je sentais la chaleur de sa peau à travers le tissu fin de ma  robe. Il m'a dit d'un ton calme : "Tu es magnifique dans cette robe mon amour". Je n'ai pas résisté. J'ai mordillé ses lèvres. J'adore ses lèvres entourées de sa légère et régulière barbe virile. Sa barbe me donne envie de croquer ses lèvres qui paraissent si douces et si réconfortantes au milieu de ces poils dressés au garde-à-vous. "Je la prends alors ?". Je lui demande de mon ton innocent de fille émue et amoureuse. Son sourire me répond oui. Je ne résiste pas une seconde fois. Je croque ses lèvres d'homme.


Lui
   Lorsqu'elle est sortie de la cabine, les cheveux devant les yeux et la robe que je lui avais demandé d'essayer mal ajustée, j'ai d'abord eu un mouvement de recul. Le souffle d'air qu'elle a répandu en sortant de la cabine m'a forcé à faire un pas en arrière. Ses gestes trop brusques, sa sortie trop hâtive, cela se voyait, elle n'avait pas préparé son entrée en scène. Puis, elle a remis ses cheveux derrière les oreilles comme elle aime bien qu'ils soient et les a déposés sur son épaule. Elle ressemblait alors à une princesses d'un pays où la neige tapisse le sol et les toits de son venin blanc et glacé. Ses cheveux ainsi sur le côté, sa nuque était dégagée. Je pouvais alors apercevoir son cou fin et blanc. Elle était belle ma princesse nordique. Tandis que je fixais son buste, ses épaules, sa nuque, elle s'est baissée pour ajuster sa robe afin qu'elle épouse les formes de son corps. Elle s'est relevée et m'a souri tendrement. Son regard me questionnait sur sa tenue. Mais je ne voulais pas répondre, pas tout de suite. Je voulais l'admirer de loin encore un peu, comme un étranger qui ne la connaissait pas. J'aime faire cela, l'observer de loin, la regarder telle une inconnue. Je remarque alors de manière encore plus flagrante ses manies, ces détails qui me séduisent. Elle me plait alors comme au premier jour. Je sais au fond de moi que c'est cette façon de la regarder de loin qui me permet de conserver cette passion que j'ai pour elle, ce désir qui me ronge lorsque je la vois. Sentant néanmoins son impatience, je me suis décidé à répondre à la question épineuse. Mais je voulais lui dire en face, tout près, lui chuchoter au creux de son regard pour qu'elle voit la sincérité des prochains mots que j'allais lui dire. Je l'ai prise alors par les hanches ne pouvant résister à cette envie de la toucher. Puis je lui ai dit en détachant bien chacune des mes paroles : "Tu es magnifique dans cette robe mon amour". Sans répondre, elle m'a fixé de ses yeux trop grands et m'a embrassé tout en pinçant mes lèvres. J'aime lorsqu'elle m'embrasse comme ça. J'aime ces baisers qu'elle signe de son nom en me mordillant ainsi. Elle s'est écartée légèrement de moi pour me regarder bien droit dans les yeux et m'a demandé timidement comme un enfant qui a peur de la réponse "Je la prends alors ?". Sa question m'a fait sourire. Cette réponse a du lui convenir. Elle a déposé une seconde fois ses lèvres chaudes sur les miennes en les mordillant. Ma princesse nordique me fera fondre. 


 

Lundi 24 mai 2010 à 22:40

 C'est peut-être pour ne pas être triste de mourir que l'on devient ridé et recroquevillé lorsqu'on vieillit.

Jeudi 10 juin 2010 à 11:09

 Il s'est installé juste à côté de moi. Il n'y avait plus de place sur le banc à première vue. Mais lui, il en a trouvé une. Il est arrivé en boitant. Les gens se sont écartés, faisant de la place. A sa démarche et à ses habits, on pouvait deviner qu'il était différent. Ce n'est pas qu'il paraissait fou. Il était juste différent. Il s'est assis à côté de moi et a ouvert un journal. Il s'est alors mis à me parler. Il m'a montré la photo d'un homme dans le journal. Au-dessus du visage de cet inconnu qu'il me désignait, il y avait écrit en caractères gras "Personnalité du jour". C'est là que l'homme différent m'a expliqué que la vedette du jour était le premier à avoir gravit l'Himalaya, qu'aujourd'hui il était très vieux et qu'il avait eu les pieds gelés par son ascension. Il parlait vite et fort. Les phrases n'avaient pas de lien entre elles. Mais j'ai compris que cet inconnu du journal était quelqu'un qui avait fait quelque chose d'impressionant, quelque chose de fou. Il avait grimpé l'Himalaya et il était le premier à l'avoir fait. L'homme différent me le répétait encore une fois. Il m'a alors demandé : "Vous ne trouvez pas cela extraordinaire ?". On aurait dit un enfant qui essayait de comprendre le monde et qui avait besoin de mon avis. Mon avis à moi. Je n'ai pas l'habitude que l'on me demande mon avis. J'ai répondu bêtement avec un sourire de bienvaillance "Oui, c'est extraordinaire". J'aurais voulu lui poser des questions, lui demander le nom de cet inconnu du journal, en quelle année il avait apprivoisé l'Himalaya ?. J'aurais voulu lui dire que malgré les sourcils froncés des gens autour de nous, moi il ne me dérangeait pas. Il était différent. Je voulais lui faire comprendre que je m'en fichais de sa différence. Mais je n'ai rien dit. Son bus est alors arrivé. Il s'est levé rapidement malgré sa jambe folle et il m'a lancé gentiment "Que Dieu vous garde". J'ai simplement dit "Merci". Puis cette phrase m'a fait sourire lorsque j'ai vu les portes du bus se refermer et emmener avec lui l'homme différent que je ne reverrai jamais. Je ne sais pas si Dieu existe, mais cette petite phrase, je l'ai prise comme un cadeau, il me souhaitait du bien pour la suite. J'ai souri encore une fois. J'ai alors regardé autour de moi. Les gens souriaient aussi en me regardant. Mais d'un sourire tout autre. Un sourire moqueur. Ils semblaient attendre que je secoue la tête et que je leur disent "On est dérangé sans cesse par n'importe qui aujourd'hui !". Non, je ne voulais pas approuver leurs sourires mesquins. Je me suis levée et j'ai marché. Je ne prendrai pas le bus aujourd'hui. Je marcherais en pensant à l'Himalaya et à cet homme différent qui m'a instruit d'une chose que je ne savais pas en me levant ce matin. 


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Jeudi 10 juin 2010 à 22:32

 
"Je sais pertinemment que ce n'est pas de la Poésie que j'écris. J'essai simplement de saisir l'existence en images. Je le fais pratiquement tous les jours, un peu comme d'autres dressent des listes de choses à faire pour agencer leur quotidien. Personne n'aura jamais à lire mes vers - pas plus que je ne raconte mes rêves aux gens. A chacun sa méthode pour appréhender la vie." 

Le mec de la tombe d'à côté par Katarina Mazetti. 

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Jeudi 10 juin 2010 à 23:33

 

 

C'est fou quand y pense.  Une folie sans nom et son corps dans mon corps. Moi, je ne croyais en rien et surtout pas en l'amour. Lui, il croyait en tout et un peu en moi. Il faut croire un peu en moi pour me relever de la boue comme il l'a fait. J'étais une pleurnicheuse. Une de ses filles qui ne se remettent pas de leurs bobos sans qu'on la soigne longuement, qu'on lui explique que ce n'est pas grave, qu'on va mettre un pansement et que demain tout cela sera oublié. Mais, il faut dire aussi que le bobo, il était assez énorme. Un de ses bobos qui vous marque une vie. Il me faudrait les sept vies entières d'un chat pour oublier. Le pansement ne suffira pas. Mais lui, avec ses bras forts, il a poussé les sept vies d'un coup d'avant bras musclé. Il leur a fait peur à toutes ces vies et au pansement. Il m'a pris par la main et m'a amené loin de tous ces trucs pour pleurnicheuse. Il m'a amené beaucoup plus loin. Tellement loin que je ne me souviens plus du chemin. Si un jour l'envie me reprenait de retourner à mes bobos, je ne pourrais même pas. Le matin après qu'il ait flanqué une rouste au pansement, je me suis réveillée dans ses bras forts et au bout de ses avants bras musclés, il y avait des mains. Des mains d'homme. C'était les mains de mon héros. Je les ai prises, je les ai observées pour vérifier qu'elles étaient aussi belles que ce que je croyais, puis je les ai embrassées pour les sentir. Ca m'a tellement plu que j'ai mis sa main dans la mienne et je ne l'ai plus jamais lâchée. Cela fait deux ans que je suis accrochée à sa main et je m'en porte très bien. Mon héros, ce n’est pas un héros comme les autres. Il ne sauve pas la planète, il n'a pas des supers-pouvoirs de super héros. Il est seulement lui et ça lui va tellement bien. Le matin, il me sourit et c'est comme si le soleil venait avec nous dans le lit tellement ça me réchauffe le cœur. Puis après, on parle. On parle des choses les plus quelconques de la vie. Mais on est bien. On s'en fout. On est tous les deux avec le soleil. Souvent, on se regarde dans les yeux sans rien dire. Si quelqu'un nous regardait par la fenêtre, il se dirait qu'on se parle d'amour par les yeux. Remarque, l'amour ça passe par là, par les yeux. Parfois, il m'énerve parce que je l'aime trop. C'est usant d'aimer sans limite. C'est comme si les jours n'avaient pas de fin. Vous imaginez. On se lèverait le matin, mais on ne serait pas quand est-ce qu'on a le droit d'aller se coucher. On ne nous aurait pas prévenus de la fin. Lui, je l'aime comme ça. Je l'aime aujourd'hui d'une passion déraisonnable et je suis condamnée, sans peine de sureté, à l'aimer encore plus. Mais c'est une jolie punition. C'est mieux que d'être une pleurnicheuse. Ce que j'adore, c'est quand il me soulève délicatement les cheveux qui tombent sur mon front et qu'il m'embrasse. Un baiser chaud et rassurant sur le front. C'est étrange, dans ces moments, je me sens petite fille mais en même temps terriblement femme. Une passion déraisonnable, je vous dis. Mais il n'y a pas de raison dans l'amour disait le poète. On fait des projets aussi. Plein de projets de toutes les formes. Même des projets irréalisables. On le sait mais on les fait quand même. On a déjà été condamné de toute façon. On fait plein de voyages aussi. Des vrais, pas dans nos têtes. Avant, j'étais une pleurnicheuse qu'avait peur de l'avion. Aujourd'hui, j'ai toujours peur de l'avion, mais comme j'ai sa main dans la mienne, j'oublie que j'ai peur. La pleurnicheuse n'a qu’à aller pleurnicher ailleurs. Quand je voyage avec lui je ne sais pas si c'est les paysages que je trouve beaux où si c'est les paysages avec lui qui me tient par la taille qui me plaisent tant. Ca doit être un peu des deux. Parfois, il me fait tournoyer tout autour de lui, tellement que l'horizon disparait. Et moi, je me prends pour une princesse dans ces moments là.  Les journées avec lui c'est comme des cadeaux à moitié déballés. Il y a toujours un moment où il dit, où il fait quelque chose qui me surprend, qui m'amuse, qui me touche. Un truc qui me chamboule toute entière et me renverse la tête comme une pièce de puzzle pas à sa place. Un truc qui me fait dire à chaque fois en secret dans mon cœur qu'il a colorié de toutes les couleurs "lui, je le veux pour cette vie entière et pour toutes les prochaines".

 

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