des-yeux-plein-les-etoiles

Si c'était à refaire, je le danserais.

Jeudi 10 juin 2010 à 11:09

 Il s'est installé juste à côté de moi. Il n'y avait plus de place sur le banc à première vue. Mais lui, il en a trouvé une. Il est arrivé en boitant. Les gens se sont écartés, faisant de la place. A sa démarche et à ses habits, on pouvait deviner qu'il était différent. Ce n'est pas qu'il paraissait fou. Il était juste différent. Il s'est assis à côté de moi et a ouvert un journal. Il s'est alors mis à me parler. Il m'a montré la photo d'un homme dans le journal. Au-dessus du visage de cet inconnu qu'il me désignait, il y avait écrit en caractères gras "Personnalité du jour". C'est là que l'homme différent m'a expliqué que la vedette du jour était le premier à avoir gravit l'Himalaya, qu'aujourd'hui il était très vieux et qu'il avait eu les pieds gelés par son ascension. Il parlait vite et fort. Les phrases n'avaient pas de lien entre elles. Mais j'ai compris que cet inconnu du journal était quelqu'un qui avait fait quelque chose d'impressionant, quelque chose de fou. Il avait grimpé l'Himalaya et il était le premier à l'avoir fait. L'homme différent me le répétait encore une fois. Il m'a alors demandé : "Vous ne trouvez pas cela extraordinaire ?". On aurait dit un enfant qui essayait de comprendre le monde et qui avait besoin de mon avis. Mon avis à moi. Je n'ai pas l'habitude que l'on me demande mon avis. J'ai répondu bêtement avec un sourire de bienvaillance "Oui, c'est extraordinaire". J'aurais voulu lui poser des questions, lui demander le nom de cet inconnu du journal, en quelle année il avait apprivoisé l'Himalaya ?. J'aurais voulu lui dire que malgré les sourcils froncés des gens autour de nous, moi il ne me dérangeait pas. Il était différent. Je voulais lui faire comprendre que je m'en fichais de sa différence. Mais je n'ai rien dit. Son bus est alors arrivé. Il s'est levé rapidement malgré sa jambe folle et il m'a lancé gentiment "Que Dieu vous garde". J'ai simplement dit "Merci". Puis cette phrase m'a fait sourire lorsque j'ai vu les portes du bus se refermer et emmener avec lui l'homme différent que je ne reverrai jamais. Je ne sais pas si Dieu existe, mais cette petite phrase, je l'ai prise comme un cadeau, il me souhaitait du bien pour la suite. J'ai souri encore une fois. J'ai alors regardé autour de moi. Les gens souriaient aussi en me regardant. Mais d'un sourire tout autre. Un sourire moqueur. Ils semblaient attendre que je secoue la tête et que je leur disent "On est dérangé sans cesse par n'importe qui aujourd'hui !". Non, je ne voulais pas approuver leurs sourires mesquins. Je me suis levée et j'ai marché. Je ne prendrai pas le bus aujourd'hui. Je marcherais en pensant à l'Himalaya et à cet homme différent qui m'a instruit d'une chose que je ne savais pas en me levant ce matin. 


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Par a-lombre-de-vos-sourires le Lundi 14 juin 2010 à 14:44
J'aime ces rencontres fortuites, tellement sortie de nul part mais ça nous fiche un sourire pas possible pour toute la journée et même plus encore.
 

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