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Si c'était à refaire, je le danserais.

Lundi 14 juin 2010 à 12:00

       "La liberté ne peut s'embarrasser de suspicion. Celui qui a décidé d'être libre ne peut avoir de ces pensées mesquines, tatillonnes, comptables, pourquoi a-t-il dit ça et non ceci, etc. Je voulais vivre à grandes enjambées, m'exalter d'exister." http://des-yeux-plein-les-etoiles.cowblog.fr/images/lefaitduprince.jpg


Le fait du prince
par Amélie Nothomb

 

Samedi 26 juin 2010 à 23:39

Parfois, j'ai envie de crier. De crier et de tout dire, de tout sortir d'un coup, de tenir le sac à l'envers pour que tout tombe en fracas sur le sol et qu'il ne reste plus rien. Rien. Mais j'aurais l'air ridicule à crier comme ça avec ma petite voix aigue. Ca ne ressemblerait à rien. Personne ne comprendrait. On entendrait un petit couinement. Les gens tendraient l'oreille. Puis ne comprenant pas d'où vient le son, ils retourneraient à leurs occupations. Et moi, je  finirai étouffer de rage. Alors, je ne crie pas. 

Quand j'étais petite, quand je ne pouvais pas encore faire le tour de ma maman avec mes deux bras, je criais souvent dans ma tête. J'inventais des discours contre toutes les injustices que j'avais vues dans la journée. Surtout contre mon père. J'imaginais dire mes petits discours devant une foule entière qui m'écoutait attentivement. Je n'ai jamais eu une foule qui m'écoutait attentivement. Je n'ai jamais su faire en sorte que plus de deux personnes m'écoutent en même temps. Je ne sais pas, je ne dois pas être douée pour parler en public. Je ne dois pas savoir rendre les choses intéressantes. C'est un don. Je ne l'ai pas. Je ne pourrai jamais présenter le journal de 20h. 

Je criais très fort dans ma tête mes discours pour que toute ma foule imaginaire entende, pour que personne ne rate une miette de mes belles paroles. Je devais croire que si je criais assez fort ça viendrait jusqu'aux oreilles de mon père. J'ai pas du crier assez fort puisqu'il n'a jamais changé. 

Aujourd'hui, je continue à me produire parfois devant ma foule, mais c'est plus rare, il y a moins de monde qui vient m'écouter. J'ai arrêté de croire que mes paroles changeaient quelque chose. J'ai peut être appris à me battre à haute voix. Je ne crie plus mes discours dans ma tête. Je ne crie plus du tout même. Parfois, j'étouffe de rage, mais je parle, j'explique. J'essaye. C'est peut être ça grandir. C'est peut être quand on peut faire le tour de sa maman avec ses deux bras et qu'on a plus besoin de crier fort dans sa tête pour lutter contre ce qui nous fait mal. 



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Samedi 26 juin 2010 à 23:54

 J'aime bien lui envoyer des textos comme ça, quand je sais qu'il ne pourra pas vraiment les lire, que ce n'est pas vraiment le moment. Mais je l'imagine, sortir discrètement son portable de sa poche, se pencher un peu, appuyer sur les touches rapidement, se tromper, lire mon message et sourire. Un sourire petit, doux, tendre. Un sourire juste pour moi même si je ne suis pas là. Peut-être qu'il ne le lira pas, ou plus tard, peut-être même qu'il ne sourira même pas. Mais j'aime bien m'imaginer cette scène quand  je lui envoie mes petits mots de fille amoureuse. J'aime bien dessiner son sourire tendre dans mes pensées, y croire. Il est tellement beau lorsqu'il sourit. 

Mercredi 3 novembre 2010 à 20:04

 C'est triste ici. C'est gris et c'est froid. C'est sans goût. Je n'aime pas. Je ne sais pas où poser mes yeux pour leur montrer quelque chose de beau, quelque chose qui les ferait briller un peu. 
 Pourtant, plus loin, j'en ai vu des choses belles, des maisons arc-en-ciel, des horizons sans fin et des paysages où la terre se confond avec la mer . Il faut voler au dessus des montagnes pour voir ça. Il faut se laisser accueillir par les nuages et retomber de l'autre côté. 
Je voudrais y retourner, me droguer de beau pour revenir et ne plus voir le gris. Le moche deviendrait alors invisible puisque je serais overdoosée de beau.  
J'y retournerais, le beau ça se consomme sans modération. 






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Jeudi 4 novembre 2010 à 19:32


Il y a des jours où les dents ne veulent pas se montrer aux autres. Il s'agit de jours sans sourire. Des journées comme ça, où l'on boude. A personne en particulier. C'est à la vie que l'on fait la grimace. On ressemble à un enfant capricieux qui ne sait pas ce qu'il veut ,mais qui sait ce qu'il ne veut pas. 
Moi ces jours là, j'appelle ma mamie. Ma mamie, elle ressemble à un petit bijoux en or. Quelque chose de tellement précieux, qu'on ne veut jamais le sortir pour l'abîmer. Ma mamie, je la préserve de tous les maux de la vie. Mais la vie s'impose, plus forte, plus grande, parfois et abîme mon petit bijoux en or. Elle se relève toujours. C'est costaud l'or. 
Ces jours boudeurs, je l'appelle et je lui raconte mes bouderies. Et là, ma mamie, je l'a soupçonne d'avoir des pouvoirs de super-mamie. Elle dit toujours la phrase qui va redonner aux dents l'envie de se montrer aux autres. Les sourires reviennent. Ils ont oublié pourquoi ils boudaient. Ils pensent à ma mamie, à ce qu'elle a dit et ils sont contents, les sourires. Ils sont là. 

Ma mamie, c'est mon petit bijoux en or, c'est mon bijoux qui habille mon coeur de sourires. 


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